Parchemin authentique scellé, qui est conservé aux archives communales de Romont (une réplique haute définition est disponible dans l'entrée du restaurant)

Acte donné dans le château de Romont, le 6 juillet 1384

<< Amédée VII, dit le Comte Rouge, confirme les libertés, franchises, privilèges, immunités et coutumes des nobles, bourgeois et habitants de la ville, châtellenie et juridiction de Romont, le 6 juillet 1384.>> cet acte intervient alors qu'Amédée VII vient de succéder à son père Amédée VI, mort en 1383. Chaque succession de souverains entraîne une nouvelle confirmation de franchises.

Cette confirmation des franchises n'est pas nouvelle pour la ville de Romont. Le comte Amédée VII rappelle par ailleurs qu'il se place dans la tradition de ses aïeux, son arrière-grand-père Amédée V, son oncle Louis II de Savoie-Vaud, sa cousine Catherine qu'il appelle sa sœur dans le document, ainsi que son père Amédée VI dit le Comte Vert.

Ces franchises accordées aux nobles, bourgeois et habitants de Romont constituent un contrat entre le souverain savoyard et la population locale. Preuve de cet engagement mutuel, le comte de Savoie fait un serment (iuramentum) sur les Saints Evangiles en touchant de la main le Corps du Christ, – concrètement une hostie ou peut-être un ostensoir. Ce serment doit avoir lieu publiquement, devant la population convoquée à ce rituel explicite.

De sa fondation en 1239 à la conquête du Pays de Vaud par Berne et Fribourg en 1536, Romont se trouve sous la domination de la Maison de Savoie. La ville bénéficie certainement depuis la fin du XIIIe siècle de franchises calquées sur le type de celles de Moudon, type de franchises le plus répandu dans le Pays de Vaud. Les franchises garantissent les droits des nobles, bourgeois et simples habitants de Romont. Grâce à ces privilèges, les hommes de Romont disposent de leur liberté et ne dépendent d'aucun autre seigneur que le comte de Savoie. Ils peuvent pratiquer le commerce en étant dispensés de payer les taxes sur le marché local. Les franchises urbaines codifient non seulement l'accès à la bourgeoisie et le droit de résider dans la ville, mais édictent aussi de nombreuses règles pour préserver la paix sociale.

Le sceau représente le comte de Savoie dans une posture chevaleresque, armé de son épée et chevauchant son destrier. Amédée VII, comte de 1383 à 1391, est par ailleurs un vaillant guerrier qui conquiert notamment Nice et la Provence orientale (1388) après avoir remis à l'ordre les Patriotes du Haut-Valais (1384). Pratiquant la chasse selon le code aristocratique de son époque, il meurt des suites d'une mauvaise chute de cheval lors d'une partie de chasse. On a accusé − à tort − le chevalier Othon de Grandson, fidèle et influent vassal du Comte Rouge, de l'avoir empoisonné, ce qui ne manqua pas d'occasionner de nombreux troubles dans le Pays de Vaud savoyard entre 1391 et 1399 ».

Florian Defferrard, historien